#3 questions à Alexandre Wolff, Directeur de CHANTIER Ecole

05/11/2020

Nous travaillons quotidiennement avec une cinquantaine de réseaux nationaux et locaux à travers la France pour mobiliser les entreprises sur les opportunités des Jeux de Paris 2024. Le 5 novembre dernier, ESS 2024 a présenté ses services à l’ensemble des délégués régionaux de CHANTIER Ecole, un des plus importants réseaux de l’IAE en France. L’occasion de découvrir, en 3 questions, la vision de son directeur, Alexandre Wolff.

Alexandre WOLFF (@AlexandreWOLFF8) | Twitter

Quel est le rôle de CHANTIER école dans le paysage de l’Insertion par l’Activité Economique ?

Créée en 1995, CHANTIER école, réseau des Entreprises  SocialesApprenantes, est née de la volonté d’hommes et de femmes du secteur de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE) de se regrouper pour mutualiser leurs compétences et leurs méthodes autour de valeurs communes. À ce titre, l’association CHANTIER école vise à développer la professionnalisation des acteurs, capitaliser, diffuser les bonnes pratiques de ces derniers et accompagner la mise en œuvre des politiques publiques.

CHANTIER école, premier réseau représentatif du secteur, regroupe près de 750 structures sur l’ensemble du territoire national qui emploient, accompagnement et forment près de 40 000 salariés en insertion chaque année. Près de 6 000 salariés permanents sont mobilisés au quotidien au sein de notre réseau. Notre réseau d’acteurs est depuis son origine engagé dans une démarche de mobilisation de l’intelligence collective face à des situations complexes à gérer afin de favoriser les coopérations.

CHANTIER école est un lieu d’innovation ayant pour but de réunir et de faire coopérer et partager une grande variété de connaissances, de compétences, de personnalités (acteurs, universités, cabinets d’expertises, réseaux associés, partenaires, etc…). L’innovation est une affaire de compétences collectives et nous avons notamment développé dans cette dynamique la démarche d’Entreprise Sociale Apprenante et la certification de compétences via des certificats de qualification professionnelle destinés à l’encadrement pédagogique et aux salariés polyvalents (en parcours d’insertion). Nous cherchons à transformer en capital les pratiques professionnelles ! C’est le travail que nous menons à travers nos commissions ou le « partage de pratiques » que nous mettons en forme à travers nos outils et demain des bonnes pratiques sous forme de monographie etc…

Précurseur de la formation en situation de travail le réseau est un lieu de professionnalisation grandeur nature. Dans le cadre de sa démarche qualité, il vise à bâtir une démarche d’accompagnement à la mise en œuvre d’une Entreprise Sociale Apprenante dotée de pratiques de formation en situation de travail qui maximisent les apprentissages en se centrant sur l’apprenant :

  • Professionnalisation des encadrants et de la structure en tenant compte de ses propres contraintes productives et mettre le salarié apprenant en condition d’apprendre ;
  • Faire évoluer le parcours individuel en renforçant les liens avec le territoire durant le parcours et en développant les qualifications reconnues qui répondent aux besoins du marché local de l’emploi.

Quels sont les enjeux de développement auxquels sont confrontés les ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion) aujourd’hui ?

Un ACI, issu d’un projet de territoire, doit s’adapter au contexte dans lequel il évolue. Les mutations en cours, tant avec la nécessité de former des salariés à des compétences qui leur permettront de trouver un travail que du point de vue économique, avec des évolutions importantes sur certaines filières (transition écologique, développement de l’économie circulaire, « digitalisation ») invitent les ACI, pour poursuivre leur objectif social, à réinterroger leur stratégie, à diversifier leur activité et donc leur modèle économique.

L’ACI doit assurer sa viabilité économique et sa pérennité non seulement de la ou des nouvelles activités économiques créées, mais aussi de l’ensemble de l’organisation. Les ACI sont, comme toutes TPE-PME, des acteurs économiques. Même si le poids de l’activité marchande est limité (part des recettes commercialisables encadrée entre 30% et 50%), l’enjeu économique reste important, notamment à travers l’hybridation de ses ressources publics et privées (subventions, mécénats, marchés et prestations).

Le changement d’échelle peut être un enjeu. Toutefois, « l’injonction » au changement d’échelle peut provoquer des erreurs de temporalité et le réseau privilégie les travaux entre structures pour favoriser les mutualisations et le partage de compétences. Pour développer un modèle il faut le plus souvent qu’il soit d’abord stabilisé. Ces deux points sont essentiels pour nos adhérents très majoritairement de petites tailles afin de maintenir une offre diversifiée et agile dans un maximum de territoires et sur une palette large de support d’activités. Pour se faire, l’accès aux marchés publics et privés est important pour leur développement. Cela implique une adaptation de la commande publique et privée pour associer l’ensemble des acteurs de l’insertion et particulièrement les ACI de petites tailles. Un enjeu de visibilité est également présent par la reconnaissance de la qualité entreprises de nos adhérents. C’est pourquoi CHANTIER école développe la démarche d’Entreprise Sociale Apprenante qui s’appuie sur leur caractérisation à travers un travail universitaire et sur le déploiement d’une démarche spécifique.

En quoi les Jeux de Paris 2024 peuvent constituer une opportunité pour ces structures ?

Les Jeux de Paris 2024, sont une opportunité de partenariat avec les entreprises et notamment pour rendre visible la pluralité des activités déployées, les compétences et le professionnalisme développés par les ACI et à fortiori répondre aux besoins en main d’œuvre des entreprises du secteur marchand.
C’est ainsi une formidable occasion de mettre en œuvre la capacité d’adaptation et de développement d’activités en réponses aux besoins des territoires en accompagnant le changement d’échelle du fait des volume des marchés, susceptibles de permettre les coopérations avec les entreprises « ordinaires » (co-traitance, sous-traitance, embauches directes) tout en s’inscrivant dans les stratégies d’engagement sociétal et environnemental des entreprises.

Les Jeux sont ainsi une opportunité pour briser le plafond de verre qui sépare trop souvent les personnes éloignées de l’emploi des entreprises dites classiques, qui ne se tournent pas spontanément vers ce public et ainsi créer de nouvelles alliances fertiles créatrices de modèles innovants entre ACI, entre SIAE et entre ACI et entreprises du secteur marchand. Le tout au service des territoires pour les accompagner en amont et en aval d’un événement inédit qui ne pourra être qu’inclusif et écologique.

Avec les Jeux de Paris 2024 « faits pour partager », engageons durablement les territoires dans le développement de l’Insertion par l’Activité Economique et Ecologique (IA2E) !

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