#3 questions à Stéphane Pfeiffer, Adjoint au Maire de Bordeaux, en charge de l’Emploi, de l’ESS, et des formes économiques innovantes
1/ Dans le contexte actuel, comment la Ville de Bordeaux soutient-elle les acteurs de l’ESS ?
Malgré le contexte difficile que nous traversons, nous sommes face à une tension complexe : comment gérer l’urgence et le très court-terme tout en pensant le long-terme ? En effet, je reste convaincu que si nous devons proposer des solutions d’urgence, notamment en termes d’aides financières ce qui est du ressort de la Métropole et non de la Ville, nous devons préparer la suite et poser les bases d’un changement de modèle.
Ainsi, parmi les mesures de court-terme, la Métropole travaille à un nouveau plan d’urgence pour venir en aide aux entreprises en difficultés. Contrairement au fond lors du premier confinement, il prendre en compte l’ensemble des acteurs de l’ESS, dont les entrepreneurs des CAE qui en avait été exclus en mars. Aussi, nous travaillons à faciliter l’accès à la commande publique pour les structures de l’ESS.
Sur le long-terme, nous annoncerons prochainement le détail de notre plan d’action sur le mandat. Nous défendons l’idée que l’ESS doit devenir une référence, le chemin que tout le monde doit suivre. Les actrices et les acteurs de l’ESS sont inspirants, et ils nous démontrent chaque jour que l’on peut faire autrement. Et c’est bien cette idée qu’il faut retenir : une autre voie est possible. Celle qui nous permettra de sortir de la logique unique de la croissance économique et de réfléchir la question économique, écologique, démocratique…
2/ Comment la commande publique peut être un levier de la reprise d’activité économique, en particulier pour les entreprises de l’ESS ?
S’il était nécessaire et indispensable, que ce soit au niveau des collectivités ou bien de l’Etat de proposer des aides sous forme de subventions, de prêts, de chômage partiel… il n’en reste pas moins que pour se relever et pour fonctionner, une entreprise a d’abord besoin d’activités !
Ainsi, la politique d’achat de la ville, et par extension de la Métropole, est un véritable outil de relance économique, à condition cependant que l’on s’assure que d’une part nos marchés publics soient bien accessibles aux entreprises locales, et que d’autre part, ces mêmes entreprises sachent y répondre.
Sur le premier point, nous sommes en train de refondre notre schéma de promotion des achats socialement et écologiquement responsables. Il nous permettra de donner à toutes les directions de notre collectivités des outils leur permettant de rédiger des cahiers des charges pour les marchés garantissant la possibilité pour nos entreprises locales d’y répondre. Egalement, nous devrons renforcer le travail de sourcage déjà réalisé par notre équipe d’acheteurs. Mieux on identifie les entreprises en amont, plus elles ont de chance de gagner des marchés.
Sur le second point, et c’est bien l’objet de ce que fait déjà notre direction des achats et de la commande publique, nous devons, en lien avec les acteurs économiques et en particulier les consulaires – auxquelles j’inclus la CRESS- former nos entreprises à la réponse aux marchés publics. C’est une condition sine qua none de réussite. Des actions existent déjà et il faudra les renforcer.
Concernant plus spécifiquement l’ESS, nous avons plusieurs outils. Ceux que je viens d’évoquer permettront de faciliter leur accès à la commande publique. C’est d’ailleurs pourquoi dans le cadre du mois de l’ESS nous avons souhaité organiser un atelier spécifique, animé justement par les canaux, pour former les acteurs de l’ESS à la réponse aux marchés publics. Mais nous avons aussi d’autre opportunités, via les marchés réservés par exemple ou les achats en-dessous du seuil de 40 000€ qui nous permet de ne pas passer par une mise en concurrence, ou par une mise en concurrence allégée.
3/ Quel impact les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 peuvent-ils avoir sur l’économie bordelaise?
Ils ne peuvent avoir qu’un impact positif, qu’il soit direct ou indirect. En effet, la Métropole de Bordeaux et l’agglomération de Libourne ont d’ores et déjà été retenues pour accueillir les sélections nationales lors de leur préparation. Aussi, nous avons candidaté pour accueillir des épreuves des Jeux comme le football par exemple.
Cela nous permettra sans aucun doute d’avoir des retombées économiques positives, et une meilleure visibilité de la ville pour les années à venir.
Accueillir des épreuves des Jeux, être sélectionné centre de préparation contribuera à faire connaître les villes et à augmenter la fréquentation touristique. De plus, les jeux étant à Paris, et Bordeaux étant seulement à deux heures en train de Paris, nous sommes convaincus que lors de leur périple sportif, les supporters pourront aisément faire un détour par la capitale girondine pour découvrir notre ville et notre département. En effet, ce n’est pas que Bordeaux mais bien l’ensemble du département qui en bénéficiera.
En outre, avoir les Jeux en France, nous permettra probablement d’accueillir des compétitions internationales dans divers sports, comme le BMX par exemple, afin que les sélections nationales s’acclimatent à notre pays. En effet, souvent les compétitions internationales avant les Jeux sont organisées dans le pays hôte.
Enfin, nous pourrons également profiter de ce moment pour engager un travail sur la question de l’emploi, en direction principalement de nos jeunes. Accueillir des sélections nationales et des épreuves des Jeux est une source d’intérêt et donc de motivation supplémentaire. Nous ferons de même d’aillleurs avec l’accueil de la Coupe du Monde de rugby.
Pour terminer, je tiens à préciser que nous partageons l’objectif de la Maire de Paris qui souhaite que ces Jeux soient le plus exemplaire possible sur un plan social, et écologique. Ainsi, les acteurs de l’ESS, que ce soit à Paris ou dans les villes hôtes auront une place importante à jouer. Encore une fois, la commande publique sera alors un enjeu important. En ayant recours à des entreprises sociales et solidaires, on contribue à rendre ces Jeux exemplaires. Et les entreprises de l’ESS bordelaises auront toute leur part à prendre.