#3 questions à Marie-Amélie Le Fur, athlète handisport et présidente du CPSF

02/12/2020

Crédits : G MIRAND / CPSF

1)   C’est la première fois que la France accueille les Jeux Paralympiques. Qu’attendez-vous de cet événement en tant que sportive de haut niveau et en tant que présidente du CPSF

L’athlète et la présidente que je suis aujourd’hui est heureuse de vivre l’organisation de cet événement pas comme les autres. Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 constituent une opportunité unique de faire évoluer la place des personnes en situation de handicap dans notre société.

À bien des égards, ces Jeux vont être un catalyseur :

Cet événement va tout d’abord offrir une expérience unique aux athlètes, spectateurs et téléspectateurs : on ne peut rêver meilleur rendez-vous pour mettre à l’honneur la performance paralympique et dévoiler au monde entier un spectacle sportif de grande qualité; c’est par ailleurs l’occasion de raconter des histoires, de narrer nos sportifs et de transmettre de l’émotion au public.  En effet, les Jeux Paralympiques vont mettre en lumière notre mouvement grâce à une visibilité et une médiatisation sans égales, qui on l’espère, feront naître des vocations auprès des plus jeunes !

Les Jeux de Paris sont un levier du changement car ils laisseront un Héritage fort :

Ces Jeux sont, depuis l’origine, pensés pour accueillir des personnes en situation de handicap. Ainsi, la mise en accessibilité des sites et plus encore la notion d’accessibilité universelle font partie intégrante de la réflexion, de la conception et du déploiement des lieux d’accueil, des transports, de l’espace urbain.

L’Héritage passe aussi par le fait de favoriser l’accès à la pratique sportive pour tous. Nous devons nous servir de l’opportunité de ces Jeux pour identifier les freins à la pratique et ainsi proposer des solutions pertinentes et pérennes pour permettre aux personnes en situation de handicap de pratiquer davantage de sport. En effet, faire du sport ne doit plus être accessoire mais doit être un outil de bien-être, de développement de soi, d’inclusion et d’ancrage dans la vie citoyenne. Je suis persuadée que cette nouvelle appréhension du sport pour tous contribuera au changement des mentalités ; cela permettra par ailleurs une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap dans la société civile, dans l’emploi : aujourd’hui, encore trop de personnes porteuses d’un handicap ne peuvent se réaliser dans la sphère professionnelle et cela doit changer !

Enfin, Les Jeux de Paris 2024 seront les Jeux de tous les français donc il ne tient qu’à nous de nous engager.  Le programme des bénévoles permettra par exemple de prendre part à l’événement : personne valide ou en situation de handicap, tout le monde aura sa place !

2) Vous avez mis en place la seconde édition du programme La Relève pour détecter de jeunes talents. Quel est le bilan de la première édition et vos attentes pour la seconde ? 

Le programme La Relève est un dispositif de détection des talents paralympiques mis en place en 2019 par le Comité Paralympique et Sportif Français, en collaboration avec les fédérations paralympiques, et avec un objectif simple : révéler les sportifs paralympiques de demain.

La saison 1 du programme a été un vrai succès puisque plus de 600 personnes ont formulé une demande d’inscription. Parmi elles, plus de 170 personnes ont été reçues sur les 5 plateaux de détection organisés partout en France dont 30% de femmes. À l’issue de cette première saison, une poignée de participants s’est engagée dans un projet sportif de performance, accompagnée par une fédération sportive de référence. Pour ne pas perdre le lien avec ces profils, le CPSF a créé une Team d’athlètes, la Team La Relève afin d’accompagner 17 athlètes dans les prémices de leur vie de sportif de haut niveau. L’expérience de la première saison révèle que 75 % des personnes reçues n’étaient pas dans les rangs des fédérations sportives : une réalité qui nous permet aujourd’hui d’affirmer que ce programme est nécessaire et que plus encore, nous devons réfléchir à des solutions plus larges sur l’accès à la pratique pour les personnes en situation de handicap.

Fort du succès de cette saison, le CPSF a ainsi souhaité réitérer le programme avec l’appui de nouveaux organisateurs et d’organisateurs déjà présents à nos côtés l’année dernière. Ainsi, 6 lieux de tests étaient fléchés pour cette deuxième édition. Malheureusement le contexte sanitaire nous a contraint à les annuler. Pour autant, cette situation n’a pas empêché le CPSF de maintenir le lien avec les personnes qui s’étaient inscrites : en effet, nous avons contacté près d’une centaine de personnes individuellement pour échanger sur leur projet sportif et les orienter. Nous avons la volonté d’organiser un plateau unique au printemps regroupant les participants présélectionnés. Plus qu’un programme de détection, ce dispositif est une belle aventure humaine, tant pour les participants que pour notre comité !

3) Les Jeux de Paris 2024 c’est aussi l’occasion pour les ESAT et entreprises adaptées de montrer leur savoir-faire et leur capacité à répondre à des marchés d’envergure. Comment peuvent-elles se faire connaître et quels sont aujourd’hui les dispositifs qui existent pour les accompagner ? 

Une fois encore, la tenue des Jeux de Paris 2024 doit créer des opportunités, des synergies et des interactions qui auraient certainement été plus longues à faire émerger sans l’organisation de cet événement. Les entreprises adaptées, les ESAT ou tout autre établissement médico-social doivent pleinement prendre part au rendez-vous en faisant valoir leur expertise, en multipliant les collaborations avec les acteurs du milieu « ordinaire ». En France, de plus en plus d’entreprises ont initié des collaborations avec des établissements médicaux-sociaux mais la tenue des Jeux à Paris doit nous permettre d’aller plus loin et de tisser des collaborations durables et sur l’ensemble du territoire.

Le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire s’inscrit pleinement dans cette dynamique et par le biais de la plateforme solidaire ESS 2024, c’est une passerelle qui se créée entre les territoires, Paris 2024 et le monde foisonnant de l’entrepreneuriat social et de l’économie circulaire.

Cette dynamique vertueuse permet ainsi de favoriser l’insertion professionnelle des publics dits les plus « fragiles » tout en développant le tissu économique local par l’accompagnement d’initiatives liées à l’entrepreneuriat social… c’est gagnant-gagnant !

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